Bonjour à tous,
il y a maintenant près de dix ans, une partie de notre fine équipe abordait dans un car 3 étoiles le dangereux virage de l'an 2000. La planète se réjouissait alors d'avoir passé ce cap sans avoir à subir les conséquences dramatiques du fameux "BUG"; pour nous, c'est peut-être là qu'on a commencé à périodiquement chauffer du disque dur à l'approche de la saint Sylvestre.
"Le car c'est ta maison" pouvait-on lire sur la brochure 4A à l'époque. Il en reste des images fortes, parfois un peu confuses, qui se mélangent dans un bouillonnement complétement halluciné. Je nous voit trinquant,dans l'allée surchauffée du bus, accompagnés par des camarades de route un peu foufous et par d'autres compagnons moins enthousiastes à l'idée de partager leur prochaines nuits avec nous. Je revois le parking, et nous nous sommes tous allongés en tas pour une sieste salvatrice. Je redecoupe sur fond de graffitis les chaussettes de Jacquin qui tenaient seules debout. Je repense à Taouin qui n'a jamais été autant dans le vent en Espagne que dans le bus qui conduisait les plus vaillants à la douche. Je cherche de nouveau à comprendre comment mon frère à pû perdre en plein milieu de Plaça Catalunya un sac plein de bouteilles dans une foule grouillante et débordante - et le retrouver une heure plus tard, intact. J'ai encore l'image trouble de ce jeune ibere chevauchant un énorme fût de bière bleu, brandissant sa bouteille, naviguant dans une mer de verre cassée recouvrant l'avenue principale. Sous les flashs, sous la pluie de champagne, dans les couloirs d'un hôtel quatre étoiles, dans les rues Barcelonaises, dans les través du bus, dans nos sacs de couchage, dans les couloirs du métro, loin de toute réalité, nous avons dignement fêté l'arrivée du nouveau millénaire.
C'était il y a dix ans.
Dix années, des années-lumières durant lesquelles nous n'avons eu de cesse de reproduire, à chaque nouvel an, de nouvelles activités différentes. On ne peut que s'en féliciter. C'est vrai qu'il nous en faut peu, et c'est une qualité absolue, pour justifier de faire n'importe quoi à grande échelle. Aussi, je me demandais s'il ne serait pas heureux de célébrer cette décennie d'une manière ou d'une autre. Pourquoi pas repartir, tous ensemble, en car, en caravane, en vanne ou en navire, à l'ouest, au nord, à l'est, au sud ou même pire ; partir loin, très loin et même au-delà, tellement loin que Gerard n'y connaitra même pas un petit restau sympa. Partir pour le meilleur et pour le pire, et pour se dire que cela fait dix ans, et se disant pourvu que ça dure.
Voilà, c'était une idée en passant, une date anniversaire à méditer… pour dire nous avons entamé, il y a dix ans, un voyage en car dont nous ne sommes jamais vraiment revenu.
Tanio